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Tenir ce qui se tient (Diana Bellessi)

Bellessi Diana

Tenir ce qui se tient

Traduction de l'espagnol (Argentine) par Nathalie Greff-Santamaria

EditeurLa rumeur libre

CollectionPlupart du temps

Date de parution03/2014

ISBN/code barre978-2-35577-063-0

Format (mm)141 x 192

ReliureCahiers cousus, couverture avec rabats

Nombre de pages224

Poids261 g

Édition bilingue. Titre original Tener lo que se tiene, Adriana Hidalgo, Buenos Aires, 2009. Ouvrage publié dans le cadre du Programme « Sur » de soutien aux traductions du Ministère des Affaires étrangères et du Culte de la République d'Argentine.

Prix 18,00 €
Feuilleter

Édition bilingue. Titre original Tener lo que se tiene, Adriana Hidalgo, Buenos Aires, 2009. Ouvrage publié dans le cadre du Programme « Sur » de soutien aux traductions du Ministère des Affaires étrangères et du Culte de la République d'Argentine.

Tener lo que se tiene est le titre d'un volume de 1200 pages, publié en 2009 qui réunit l'ensemble de l’œuvre poétique de Diana Bellessi. Mais aussi, Tener lo que se tiene, est le titre de son dernier livre de poésie, texte inédit publié à cette occasion en 2009 et qui clôt le volume de 1200 pages. C'est ce livre inédit qui est proposé au lecteur français par La rumeur libre éditions. A la demande de Diane Bellessi, et avec l'accord de l'éditeur Adriana Hidalgo, le texte est publié en bilingue français - espagnol (Argentine).

(d'après Jorge Monteleone)

Tenir ce qui se tient est le livre d’une deixis poétique impérative : signalement, monstration du poème qui indique toujours « Regarde là ! », « ou bien sinon, regarde », regarde « la beauté de tout ce qui existe » ou son envers : « Comment dire à qui ne le ressent pas/Regarde là ! ». Et c’est ainsi que les poèmes signalent, montrent, indiquent les innombrables manifestations du paysage que la poète a vu dans l’île : les transformations de l’hiver, l’arrivée de l’été, les arbres sombres dans la nuit, les constellations, la lumière du soleil sur le mont, les chiens sauvages, les fleurs et les oiseaux. Le tout avec minutie, en détail, en lui restituant son nom précis et son caractère propre, et toujours en mouvement, dans le dynamisme du changement et au fil du temps : le quiscale, le cassier, le chardonneret, le lys, la lune à six heures du matin, le chant d’un merle noir, le croucrou de la tourterelle, ces petites aiguilles qui dans la brise imitent une pluie fine, sa chienne Talita Kumi cavalant dans son enclos de chasse : chaque poème indique la fulgurance incandescente d’une anecdote précieuse.

(...)

Toute la poésie de Diana se tend dans son propre don, affirmée dans l’immédiateté du regard vers la splendeur des formes, elle y inclut l’idéal d’une oralité de liens communautaires. Elle articule d’une manière complètement nouvelle une pensée critique d’une grande cohérence avec une empreinte sociale prononcée. Ce n’est pas l’illusion référentielle ni documentaire qui l’anime, mais bien la capacité lyrique de voir le monde dans un élan de grâce du langage. (…) Quelque chose gémit dans ces poèmes, comme du cristal blessé, du sang séché, la bouche de la vase. Cette pauvreté blessée n’est autre que la matérialité humaine qui traverse le livre. En même temps, sa poésie est patiemment douce, peuplée de diminutifs, des mauvaises habitudes du langage, d’apocopes de l’intimité populaire au sein de vers fragiles qui resplendissent, rythmiques, chantés, où cette richesse n’est plus bridée. Ses poèmes récupèrent toujours une circonstance, aussi infime soit-elle, et ce geste constant qui connaîtra plusieurs fois son apogée, revient s’affirmer dans son dernier livreTenir ce qui se tient. Si dans sa poésie nous découvrons une utopie de la parole, nous percevons aussi une éthique du regard : l’œil de Bellessi ne voit pas les choses comme des objets, mais comme des visages portés à son attention, ce qui produit une sorte d’assainissement de la vision, une « régénération » du lien entre le sujet et le royal. Là réside et se condense son habitat : regarder, parler du regardé dans le poème, être regardée et parlée dans le langage depuis cette condition mortelle qui donne, à la poète et à toutes les créatures, sa place dans le monde.

(...)

Le don pour Bellessi se comprend dans ses deux sens : c’est ce que l’on tient parce qu’on nous l’a octroyé et c’est ce qui correspond à l’action de donner. Le don c’est tenir cela même qui se tient. Mais tenir ce qui se tient, puisqu’il est en même temps donné, n’est pas une possession, et ne véhicule ni le prix, ni l’intérêt, ni le gain. Tenir ce qui se tient correspond au don de la parole qui a pour qualité d’être donnée gratuitement.