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Salager Annie

Les Temps mêlés

poésie

EditeurLa rumeur libre

CollectionPlupart du temps

Date de parution08/2017

ISBN/code barre978-2-35577-145-3

Format (mm)141 x 192

ReliureCahiers cousus, couverture avec rabats

Nombre de pages112

Poids145 g

Price £ 16.00
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(extrait)

Les feuillages, la mer, les oiseaux,
la vie loin de la vie,
l’écart, les questions, la distance,
les échecs, les brisures, les cassures,
les roses parfumées,
les jours baignés d’enfance,
le parfum des fruits sur les lèvres,
les bleus à l’âme, l’angoisse,
les cris, les chocs, les obsessions,
les rues interminables,
la rumeur de l’amour sur la peau,
la glisse des mots entre amis,
le désir de chant sur le monde,
l’impensable douleur du monde,
la vie ravagée, torturée,
l’ardeur des cerisiers en fl eur,
la réalité irréelle du temps,
les caresses de la lumière,
le rire insaisissable de la vie

(extraits)

HERBE, CARESSE D’AMOUR

Simplement tu es là, parmi les nuages
et les toits mouillés des fermes
dansant l’espace qui les hume et les roule,
mais qui te voit ? Herbe qui répares la mort
effaces sang et larmes te donnes aux arbres
en fleur, herbe tellement plus généreuse
que nos regards qui piétinent indifférents
ta lente caresse d’amour à la terre,
herbe qui sais partout en épouser
les rythmes et la doter d’inépuisable
vie — plus forte que nos méprisants défis ? —
tu es, herbe, de la terre le vrai levain
et le dieu inconnu ô toi herbe plus nue
qu’un mot et pareille à lui, d’invisible vie

ANTHROPOCÈNE

« Le désir de maintenir le cours actuel des choses jusqu’à ce qu’il soit trop tard
est la plus grande menace que l’humanité fait peser sur elle-même. » (André Lebeau.)

Si rien ne le met en geôle, le cerveau
à la beauté d’univers pourrait-il
un jour posséder l’intelligence du coeur ?
… premières cellules milliards d’années
symbioses spéciations biodiversité
enchaînement sans cesse en devenir
du vivant végétal, animal,
puis l’éclair aujourd’hui sous nos pieds
d’une finitude qui met flamme à l’esprit
et sillonne ses terres inondables,
nous y avons vécu le temps, l’azur fut
notre référent, il nous semblait indestructible
… ne l’est plus, ni le vert étoilé des arbres
ni les lèvres bleutées des mers
où se reposaient les mémoires ni
la brume étale par-dessus eaux et frondaisons
qui dissipée lentement devient ciel
jusqu’à la verticale aiguë du bleu
ni le ballet des libellules
au fil d’argent d’une rivière
où fleurissent les lendemains
ni l’esprit des oiseaux qui travaille le ciel,
mais à connaître tout cela quelque sagesse
en nous pourrait-elle prendre l’envol ?