(extrait) Parmi les courriers reçus durant l'été, j'ai trouvé ton beau livre sur mon bureau. Beau livre – le mot est, encore, trop faible ! Livre lu dans la nuit, livre aussitôt mangé, lors d'une insomnie « blanche » (parmi les plus prometteuses, mais les plus dévastatrices aussi), dans la nuit, donc, de lundi à mardi... il y a seulement quelques heures... Livre lu par bouts, au début, par miettes presque, dans le grand désordre apparent – celui du monde où nous sommes. Puis livre lu, et relu, du même souffle – dans la crainte, justement, que l'air vienne à manquer, à se raréfier... Et je t'ai reconnu, d'emblée, libre, profond, authentique, sauvage parfois, seul dans ta solitude, mais pareillement accompagné... Frère d'âme, certes, mais surtout frère d'armes. Les nôtres sont tellement fragiles, en vérité. De faibles forces, de faibles âmes et, sûrement, de fragiles armes... Je connaissais déjà quelques textes, pour la plupart entendus lors de récentes lectures. Mais j'ai surtout aimé, en vrac, Les chômeurs, Sérénité des vaincus, Paul, Le fleuve et la mémoire, Les jeunes, Les batailles de la vie, La destruction des faubourgs, Les oiseaux et, bien entendu, Phrase ! C'est un ouvrage écrit sur le seuil du jardin, qui me rappelle (au sens noble du terme !), pêle-mêle, Hardellet, Juliet, William Carlos Williams et, même, un peu Char en ses parfums, ses accents et ses paysages – même si ces derniers ne sont pas les tiens... Je n'avais rien dévoré de semblable depuis le fameux Panégyrique de feu Guy Debord. C'est un livre, je crois, que tu devrais envoyer à Charles (Juliet)... Il aimera ! Et, pourquoi pas, dans des styles et des genres bien différents, à Lionel (Bourg) et à Christian (Bobin). Et tant-pis pour celles et pour ceux qui n'entendront pas ta musique intérieure et la voix des sans-voix. Merci, Patrick, donc !